May 20, 2016 | CEO Blog

La coopération Sud Sud, un levier sous-exploité pour le développement du continent !

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où les blocs régionaux ne peuvent plus fonctionner en autarcie. Les pays du Sud cessent progressivement de regarder « vers le haut » pour regarder de plus en plus « horizontalement ». Et ils ont raison de le faire : le renforcement des liens entre les blocs régionaux constitue de plus en plus un facteur de croissance et développement.

Ainsi, de nombreux pays du Sud sont confrontés aux mêmes problématiques, mais aussi aux mêmes avancées ! Par exemple, dans certains d’entre eux, on assiste à un accroissement des revenus et à l’émergence d’une classe moyenne qui se développe rapidement et n’hésite pas à revendiquer plus de liberté et d’équité, ainsi que l’accès à un travail décent et à des services essentiels. D’autre part, si l’accès à l’eau potable a considérablement augmenté et la mortalité infantile significativement baissé, il ne faut pas oublier que l’extrême pauvreté est encore et toujours une réalité : en Afrique Subsaharienne, elle touche 35,2% de la population. Problématiques similaires d’un pays à l’autre donc, qui méritent d’envisager une véritable collaboration entre eux : encore une fois, l’intégration régionale est une des clés, j’en suis convaincu ! 

La coopération Sud-Sud doit ainsi avoir toute sa place dans l’Agenda 2030 de Développement Durable : en effet, les pays du Sud ont les atouts nécessaires pour établir des partenariats réciproquement avantageux. Par exemple, ils doivent s’inspirer les uns des autres pour trouver des solutions novatrices aux problèmes qu’ils rencontrent en matière de développement. C’est le rôle que joue l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en facilitant depuis 1996 la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. Leur constat est simple : ce type de partenariat joue un rôle croissant dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. De multiples programmes en ont ainsi découlé : le Programme Acheter aux Africains pour l’Afrique (PAA Afrique), financé par le Gouvernement brésilien, a été lancé en 2012 en vue de promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la création de revenu pour les agriculteurs d’Éthiopie, du Malawi, du Mozambique, du Niger et du Sénégal. Egalement, un accord de coopération entre le Maroc et la Guinée a été signé, afin d’améliorer la gestion des ressources naturelles dans le pays. Enfin, citons (parmi d’autres !) l’accord tripartite qui a permis à des experts vietnamiens de venir aider le Tchad à mettre en œuvre une série d’activités visant à renforcer la sécurité alimentaire du pays (riziculture, horticulture irriguées, apiculture et transformation des aliments, etc…). 

Ainsi, on le voit, la coopération Sud- Sud offre des solutions réelles et concrètes à des problèmes de développement communs. Elle peut s’avérer décisive dans un grand nombre de domaines prioritaires (lutte contre la faim, accès à la santé et à l’éducation, etc.) et peut prendre de multiples formes : partage des meilleures pratiques, financement de projets-pilotes dans des endroits reculés, apport de capital à des projets prometteurs, fourniture de biens collectifs régionaux, etc.…Autant de possibilités que la communauté internationale se doit de mettre pleinement à profit. J’appelle donc tous les partenaires à redoubler d’efforts afin de capter toute la richesse des connaissances, des savoir-faire et des idées que recèlent les pays du Sud en matière de développement. La coopération Sud-Sud pourra ainsi être un levier pour la transformation économique de l’Afrique. Cela se fera bien entendu à condition que le continent se dote d’une stratégie à long terme afin de pouvoir réellement bénéficier des opportunités qui se présentent.